Sud-Ouest, 07.01.2004

 

Le premier recours de l'association Vivre bien en Aunis

Les adhérents en seront informés officiellement le 16 janvier prochain, lors de l'assemblée générale : Vivre bien en Aunis déposera très certainement un recours contre le décret qui, au terme de la phase de concertation pour l'A 831, qualifiera son utilité publique. " Nous avons l'intention de poursuivre notre action dans ce sens, car nous avons des arguments à faire valoir ", commente Nelly Verdier, qui préside l'association créée pour appeler à davantage de transparence sur le dossier, et inciter à la recherche des solutions alternatives.
" Ce recours va nous coûter cher. Nous paierons un avocat pour aller devant le Conseil d'Etat. Mais nous devrions y parvenir sans trop de peine, grâce au collectif d'associations " (une trentaine, dont vingt derrière la seule coordination du Marais Poitevin).
S'agissant de l'enquête publique à proprement parler, aucune consigne spécifique n'est donnée. " Les retours d'expériences dont témoignent d'autres associations qui se sont engagées dans des combats analogues nous informent que cinquante personnes se présentant avec le même argument ne sont considérées, in fine par le commissaire enquêteur, que comme un avis unique. C'est pourquoi depuis plus d'un an, nous préparons nos adhérents, et au-delà les personnes sensibles à l'impact de ce projet, à se déplacer pour formuler un avis qui leur est très personnel. Qu'il s'agisse aussi bien d'une analyse sur le réchauffement climatique liée à l'émission de gaz à effet de serre, ou d'arguments induits par le passage du tronçon à proximité de telle ou telle parcelle. "
Sept années de mobilisation.
C'est en 1997 que Vivre bien en Aunis a construit ses premiers arguments. L'association a compté jusqu'à 500 adhérents et contacts. Ils sont aujourd'hui 150. Un effritement que reconnaît Nelly Verdier. La présidente l'attribue au manque de moyens dont dispose l'association pour " véhiculer " ses messages. Une forme de fatalisme, aussi. " Il y a bien le sentiment que les dés sont jetés, ajoute-t-elle. Une situation qui nous impose désormais de nous battre sur deux flancs. D'un côté contre l'administration, afin qu'elle ouvre ses dossiers; de l'autre pour que les gens concernés mesurent l'impact que ces kilomètres auront sur leur vie quotidienne. Une certitude : contrairement à ce qui nous est dit, l'autoroute ne suffira pas pour écouler les flux de circulation générés notamment entre Rochefort et La Rochelle. La preuve en est fournie par le travail des deux communautés d'agglomération pour développer une liaison ferroviaire cadencée entre les deux pôles urbains. "
Déviation de Marans ?
L'analyse du trafic réalisée par l'association alimente ses questions. L'A 831, déviation de Marans ? Le sujet accroche un sourire aux lèvres de Nelly Verdier. " Elle ne le sera jamais. On voudrait nous faire croire que l'on saurait contraindre les poids-lourds à l'emprunter, alors que l'on n'arrive même pas à faire respecter les interdictions liées au transit des matières dangereuses. Il y a tellement de dérogations que ce texte est devenu inopérant. "
Le volet environnemental est aussi fondamental dans cette réflexion. Il appuyait notamment la plainte déposée par l'association et enregistrée par la cour de justice européenne, le 14 août 2001. Recours fondé sur la traversée d'une portion du Marais poitevin par la section autoroutière. " Le risque est énorme pour cette zone humide, poursuit Nelly Verdier. Comme tous, nous lisons les journaux, il y a des inondations partout. Et partout il est dit que tout avait été prévu, réalisé comme cela devait l'être. Partout ? Notre sentiment est que l'administration ne voit pas plus loin que le bout de son nez. "