Sud-Ouest, 26.01.2004

 

Une opposition non démentie

BREUIL-MAGNE
Autoroute A 831 : face à la commission d'enquête, les opposants ne désarment pas

La deuxième réunion qui a réuni les opposants à l'A 831 n'a pas enregistré d'avancées positives.
De suspicion de partialité à l'égard de la commission d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique à l'utilité-même de l'autoroute A 831 Fontenay-le-Comte - Rochefort, il n'y avait qu'un pas que les opposants au projet n'ont pas hésité à franchir.
Poursuivant au Breuil-Magné sa campagne d'information et d'explication, M. Bernard Berthouin a, devant euux et la population des communes du secteur sud concernées exposé la mission de la commission qu'il préside et la procédure de DUP à laquelle toute grande opération d'aménagement est assujettie.
Cette réunion, tenue deux jours après celle de Marans (voir notre édition du 23 janvier) n'a pas - on doit le constater - fait courir les foules. Il est vrai que ce secteur jadis sensible a vu sa mobilisation retombée depuis que les élus ont reçu quelques apaisements quant au tracé retenu.

Une commission impartiale. Il y avait donc là une soixantaine de personnes parmi lesquelles André Bonnin, conseiller général, Dominique Rabelle, député suppléant; Michel Lagrèze, maire de Loire et divers élus, ainsi qu'une fort représentation d'opposants au projet.
Dans un premier temps, il est apparu nécessaire au président de lever toute ambiguité quant à l'impartialité de la commission, publiquement mise en doute (voir notre édition du 19 janvier) en rappelant que la désignation de ses membres et les actes juridiques relatifs à son fonctionnement relevaient de la compétence exclusive du président du tribunal administratif de Poitiers excluant de ce fait toute influence extérieure notamment de la part des préfets des départements.
Ce préalable levé, M. Serge Vilette du Centre d'études techniques de l'équipement de Nantes, chef de projet, assisté de M. Gauche, sous-directeur départemental de l'Equipement s'appuyant sur une cartographie précise et une documentation abondante, après avoir justifié du tracé de la bande des 300 mètres définitivement retenu, s'est attaché à présenter les caractéristiques techniques de cette autoroute de 64 kilomètres. Il a mis en exergue ses apports économiques et corrélativement, l'ensemble des impacts que son tracé pouvait avoir sur les territoires traversés qu'il s'agisse des autres voies de communication, ou encore quant au régime des eaux superficielles ou souterraines, le milieu naturel, la faune et la flore.

Peu convaincus. Plus technique que véritable plaidoyer, cet exposé n'a pas semblé convaincre les opposants à cette implantation autoroutière. Les plus modérés, les maires de Loire et de Breuil-Magné concèdent que " concernant nos communes le tracé par l'Est que nos demandes ont fini par faire prévaloir est certainement le moins mauvais " sans pour autant susciter la totale adhésion.
L'opposition la plus forte s'est notamment exprimée, au travers de l'intervention de Mme Nelly Verdier, présidente de " Vivre bien en Aunis ", dont on connaît la position d'hostilité nettement affirmée, par M. Henri Bonnet Président départemental de la propriété agricole et quelques résidants locaux.
Plusieurs séries de questions y ont été posées.
La première, fondamentale met en cause la fiabilité des évaluations prospectives des trafics attendus et à l'utilité d'une troisième voie autoroutière (deux plus une voie rapide) parallèles a quelques dizaine de kilomètres de distance devant entraîner une dispersion du trafic et une perte de rentabilité.
La seconde tient aux conséquences malgré les palliatifs envisagés, sur le milieu naturel : remembrement régime des eaux, franchissement oblique des réseaux etc. " Vous allez vers, un gâchis vous saucissonnez le marais, alors bonjour les inondations ! " a déclaré avec humeur, en guise d'avertissement le président Bonnet.
La troisième série de problèmes soulevés tient à l'aspect financier de l'opération. Si l'on connaît globalement en effet le montant de l'enveloppe de dépenses (560 millions d'euros TTC) on ne connaît pas quelle sera l'enchère du futur concessionnaire, choisi dans le cadre d'un appel d'offre européen et, par voie de conséquence quelle sera la part laissée au financement public et donc celle qu'auront à acquitter les collectivités locales.
Plus ponctuelles d'autres interrogations se sont fait jour sur la façon dont aller se traiter les terrains sur l'emprise de l'autoroute et notamment le sort réservé aux propriétés privées incluses dans la bande des 300 mètres, sur les carrières et le transport des matériaux, sur les mesures d'accompagnement et d'insertions dont l'efficacité ou l'opportunité sont mises en doute.
Entre opposition systématique, et approbation inconditionnelle, reste une part de population, résignée ou inquiète qui, n'accordant aux techniciens prévisionnistes qu'une confiance mitigée veut bien s'en remettre aux sages enquêteurs de la commission mais qui s'interrogent et qui aimeraient bien que l'on trouve de plus solides arguments pour les convaincre.
" C'est toutefois une bonne réunion, a conclu Jean-Pierre Migaud dans la mesure ou elle a permis à chacun de s'exprimer librement ".