le 18 janvier 2004
A PROPOS DE L'A831
Puisque, enfin, les "
décideurs " nous demandent officiellement notre avis sur le projet
autoroutier A831, n'hésitons pas, donnons le !
Dès le départ, en 1997, je me suis, personnellement, opposé
à l'idée qu'on puisse édifier une autoroute traversant
du nord au sud notre plaine d'Aunis et nos zones marécageuses ( marais
poitevin et de Rochefort ). Ce qui fonde mon opposition à ce projet est
simple et pourrait se résumer à quatre interrogations :
- quel impact économique en attendre ?
- quelles évolutions environnementales risque-t-on ?
- quel coût pour l'opération et, corollaire évident, quel
type de financement envisagé ?
- au bout du compte, quelle efficacité, quelle utilité pour nos
populations ?
Pour commencer les promoteurs de l'opération ont avancé le thème
du désenclavement de La Rochelle ainsi que le " soulagement "
pour Marans et la N137. Quand on examine de près le tracé du projet,
on constate très rapidement qu'il n'en est rien de tout cela : le dit
tracé passe très au large de La Rochelle et il ne dit rien en
terme d'amélioration d'accès au port de La Pallice alors que le
dernier CIADT, en date du 18 décembre 2003, prévoit une ligne
de cabotage maritime entre BILBAO et la BRETAGNE, ligne où " La
Rochelle ne serait pas oubliée " aux dires du secrétaire
d'état aux transports, D.BUSSEREAU ???
Quant à " la traversée de Marans ", on approche l'ubuesque.
Est-ce raisonnable politiquement de claironner, à qui veut l'entendre,
que l'autoroute va régler définitivement le problème de
la traversée de la ville par des milliers de véhicules/jour ?
Ces mêmes élus, ils n'ont pas vu, ou, pire, pas voulu voir comment
ça se passe ailleurs, à Tonnay-Charente par exemple… On peut donc
parler d'irresponsabilité politique totale quand il s'agit d'engager
des sommes d'argent considérables pour la construction d'une autoroute
alors qu'il eut été fort probablement beaucoup moins onéreux
et plus efficace de travailler à l'alternative d'un contournement court
de la ville, d'autres ont fait les calculs : il n'y a pas photo !!!
D'autre part, la mise aux normes autoroutières du tronçon La Rochelle
- Niort étant bien avancée , ne serait-il pas plus judicieux d'imaginer
d'améliorer la desserte transversale vers l'Aunis, Surgères et
Angoulême avec une D 939 hyper chargée ( 7500 à 8000 véhicules/jour
à Croix-Chapeau ou Puydrouard ) ?
Quant à la partie La Rochelle - Rochefort, au vu du nombre important
et croissant d'échanges entre les deux villes, ne serait-il pas plus
judicieux, là aussi, d'envisager l'avenir durablement avec une desserte
cadencée entre les deux par voie ferrée, une sorte de tramway
avec l'idée d'extensions futures à un horizon plus lointain et
en fonction des besoins exprimés. On imagine, sans crainte, qu'une entreprise
comme ALSTOM serait intéressée… et cela soulagerait les chiffres
du trafic sur ce tronçon.
Il me semble que ces quelques remarques de bon sens contribueraient à
améliorer l'attrait économique de l'Aunis.
A propos de l'impact environnemental du projet, sans être un spécialiste
de la question, il me semble qu'une barre autoroutière traversant la
plaine d'Aunis ce ne peut être du meilleur résultat surtout sur
des paysages qui ont déjà de la difficulté à s'exprimer,
à être conservés et mis en valeur. Quant aux " accidents
" de la nature, même si nous ne sommes pas en zone montagneuse, cela
ne nous met pas à l'abri de modifications importantes des systèmes
hydrauliques naturels surtout en zone marécageuse sensible et, en conséquence,
mieux vaudrait, me semble-t-il, s'abstenir de bétonner à tout
va !
Concernant le coût de l'opération et de son financement, le moins
qu'on puisse en dire est que le souci de transparence est complètement
absent. Des chiffres sont avancés mais quelle fiabilité leur accorder,
aujourd'hui, alors qu'une éventuelle mise en service n'aurait pas lieu
avant 5 ou 6 ans dans le meilleur des cas ? Ensuite, ces gros chiffres, comment
les financera-t-on ? Europe ? Etat ? Région ? Département ? Collectivités
locales ? Une seule chose est sûre, tout montage financier, quel qu'il
soit, laissera de la place pour l'argent du contribuable ! Reste à savoir
quelle sera l'ampleur de cette place ?… On viendra, après cela, nous
expliquer les vertus de la baisse des impôts sur le revenu…Sauf que, ce
qu'on ne prendra pas à ceux qui en ont les moyens, on le prendra à
tout le monde y compris à ceux qui ne contribuent pas sur le revenu par
le biais d'augmentations de la fiscalité locale. Il conviendrait peut-être
d'arrêter de prendre " les français d'en bas " pour des
guignols, messieurs et mesdames les décideurs !
Au bout du compte, je m'interroge vraiment sur la finalité d'une telle
réalisation :
- Pas réellement d'utilité avérée
- Des réalisations indispensables aux populations locales qui ne se feront
pas par manque de moyens …et de clairvoyance politique
- Des risques écologiques et environnementaux pas vraiment maitrisés
- Un coût et un financement suffisamment obscur pour dissuader tout un
chacun de s'en préoccuper
J'ajouterai, pour conclure, que les procédés de communication
et de concertation sont indignes de notre époque, on se croirait revenu
au " fait du prince ". En clair, le préfet annonce que tous
les élus sont d'accord sur le projet . Faux ! Que fait-il des 242 élus
qui lui ont fait connaître leur opposition ? Ils ne seraient pas représentatifs
ceux-là ? Pourtant, ils représentent 66% des élus directement
concernés et on peut raisonnablement penser qu'ils ont été
élus régulièrement et qu'ils représentent tous les
courants de pensée. Alors, pour quelle raison leur opinion ne serait-elle
pas recevable ? Il est profondément regrettable qu'il y ait " deux
poids, deux mesures " ; la démocratie souffre de ces manques flagrants
à son égard !
Comme moi, la plupart de ces élus pensent et imaginent que notre AUNIS
mérite autre chose, ils ont d'ailleurs proposé des " alternatives
" au projet, il suffirait pour cela d'y consacrer quelques moyens et surtout
du temps pour privilégier la concertation avec les citoyens.
Gilbert BERNARD
Candidat aux élections cantonales à Aigrefeuille, présenté par le Parti Communiste Français