Les Nouvelles de la Charente-Maritime N°204 de Décembre 2004
Michelle CARMOUSSE, Conseillère Régionale communiste, vice-présidente du Conseil Régional chargée des TER s'insurge contre la suppression d'un train sur la ligne Nantes-Bordeaux.
Je
partage l'inquiétude des usagers et des cheminots. Cette ligne est
un axe important pour le département de la Charente Maritime. La décision
de supprimer, sans concertation, un aller/retour quotidien va encore aggraver
le déséquilibre entre le rail et la route.
Je suis par contre effarée du culot de Monsieur Bussereau. Il semble
que l'élu local ignore ce que fait le Ministre à Paris. Alors
qu'il fait partie d'un gouvernement qui a clairement décidé d'abandonner
le service public SNCF, il s'adresse aux Conseils Régionaux Poitou-Charentes
et Aquitaine, pour leur demander de pallier aux conséquences. Monsieur
Belot, Président du Conseil Général, propose également
d'engager financièrement le département de la Charente-Maritime
dans le même sens.
Ainsi, depuis 2 ans, ce gouvernement augmente les péages sur l'ensemble
des lignes. Les arrêts en gare sont fortement taxés, ce qui est
une véritable déclaration de guerre aux dessertes de proximité.
En mettant le couteau sous la gorge de la SNCF et des Régions, le gouvernement
veut caser le rail dans la perspective de sa libéralisation et de la
mise en concurrence, et faire porter le chapeau aux autres.
Monsieur Bussereau est particulièrement amnésique : lorsqu'il
était Président de RFF, il n'avait d'ailleurs rien fait pour moderniser
les infrastructures de cette ligne. A cause de ce retard les trains sont
obligés de rouler lentement, ce qui incite un grand nombre de personnes
à utiliser leur voiture, enfonçant toujours plus cette ligne dans
le déficit.
La grande majorité des Régions veut au contraire consacrer au
rail les moyens nécessaires à son développement. C'est
pour cette raison que le Conseil Régional Poitou-Charentes a émis
un avis négatif sur une nouvelle augmentation des péages, concernant
essentiellement les grandes lignes (donc Nantes-Bordeaux) et le fret (par exemple
Saujon-Gémozac), lors de la session du 25 octobre.
En tant que vice-présidente du Conseil régional chargée
des TER, je me suis adressée au président de la SNCF Louis Gallois,
dés le mois de juin ; dans sa réponse celui-ci rappelait que la
ligne Nantes-Bordeaux est dans une situation difficile " en raison de la
hausse des péages ".
Je me suis également adressée, comme la plupart des vice-présidents
de Conseils régionaux chargés des TER, au Premier Ministre responsable
de cette hausse des péages. Malheureusement, si celui-ci a bien reçu
le message des patrons routiers concernant la hausse du gasoil, il n'est pas
disposé à faire le moindre geste en direction de la SNCF.
D'un point de vue financier, un certain nombre de lignes ne sont peut-être
pas rentables. Mais les accidents, la pollution, le temps perdu dans les embouteillages,
est-ce vraiment rentable ? Bien sûr, cela n'apparaît pas directement
dans les budgets des régions ou des entreprises de transports, mais cela
coûte cher à la collectivité.
C'est pourquoi, je continue à agir pour le développement du
train en général et pour le maintien de cette ligne en particulier.
Choisir de privilégier un mode de transport, c'est un choix de société.