Février 2002

Texte extrait du fnaut-infos n°101

 

NUISANCES

La forte croissance du trafic automobile en milieu urbain, du trafic routier de marchandises sur longue distance et du trafic aérien sur courte distance depuis trente ans a eu pour conséquence, entre autres méfaits, une multiplication des nuisances.

Ces nuisances exaspèrent ceux qui les subissent aujourd’hui : riverains des grandes artères urbaines, des corridors de transit routier et des aéroports. Et elles inquiètent ceux qui s’en voient soudain menacés.

Car la politique des pouvoirs publics consiste le plus souvent, quand routes et aéroports se saturent ou quand leurs nuisances deviennent insupportables, à transférer les nuisances chez les autres au lieu de chercher à les réduire à la source.

Ainsi, quand les camions envahissent la Maurienne, les élus locaux - ceux-là même qui les ont fait venir en réclamant à cor et à cri l’autoroute A43 - ne voient d’autre salut que la réouverture du tunnel du Mont Blanc.

Quand le contournement autoroutier Ouest de Lyon (70 km de Villefranche sur Saône au sud de Vienne pour 12 milliards de F - ne pas confondre avec le périphérique Ouest, 8 milliards de F) menace leurs communes, les élus de l’association Alcaly proposent de renvoyer le trafic indésirable sur les axes Chalons-sur-Saône-Saint-Etienne-Toulouse et Grenoble-Sisteron-Aix.

Et quand les riverains d’Orly et de Roissy se révoltent contre le bruit, le ministre Jean-Claude Gayssot, soutenu par les élus qui ont urbanisé les abords des aéroports, ne sait qu’imaginer un troisième aéroport parisien qu’il qualifie sans rire d’”aéroport de l’environnement”.

Dans les trois cas, l’aveuglement est le même. Élus et ministre cherchent à faire croire que la nouvelle infrastructure permettra de réduire les nuisances sur le territoire concerné alors qu’elle induira une croissance globale du trafic et n’apportera donc qu’un soulagement provisoire.

Élus et ministre oublient aussi qu’en investissant ainsi des milliards de francs en pure perte, ils privent les modes de transport écologiques - transport urbain et périurbain, TGV, rail et voie d’eau - des moyens de se développer.

Jean SIVARDIERE

Président de la FNAUT