Avril 2000

Texte extrait de notre journal VBA infos n°3

 

Entre la Sèvre Niortaise et la Charente
LES GAULOIS SONT MENACES DE DISPARITION !


L'impact de l'A 831 sur le contribuable, sur la faune, sur la flore... est bien estimé. Il l'est bien moins sur le patrimoine culturel, notamment archéologique.
La contribution de M. Favre est, à cet égard, cruciale pour compléter l'action de Vivre Bien en Aunis dans sa dénonciation des graves conséquences de cette A 831.

Lorsque des projets de gros travaux existent, autoroute, TGV, etc., les aménageurs sont tenus de faire exécuter des fouilles archéologiques avant le début des terrassements.
Pour cela, le Service Régional de l'Archéologie (S.R.A.), dont la mission est la protection du patrimoine, est chargé de faire des recherches sur le terrain et des sondages systématiques afin d'évaluer le potentiel archéologique et de déterminer la présence éventuelle de vestiges risquant d'être détruits. Mais ces recherches ne se font pas toujours en période favorable, c'est le cas en fin de printemps et en été, où la couverture végétale atteint son maximum. Des gisements peu visibles au sol peuvent alors passer inaperçus ; c'est le cas pour les sites gaulois, par exemple. Si le projet de travaux se concrétise, des fouilles sont exécutées par des professionnels, payés par l'aménageur.

La prospection, quel labeur !
Étant donné la menace qui pèse sur l'Aunis, j'ai préféré anticiper les recherches sur le terrain dès l'automne dernier, afin de bénéficier d'un maximum de terrains nus. Mes prospections se limitent à la Charente-Maritime que je parcours en bénévole à longueur d'année afin de rechercher d'éventuels vestiges d'habitats anciens. J'ai donc parcouru à pied (je fais partie de ceux qu'une distance de soixante kilomètres dans la journée, ou trois fois plus à bicyclette, ne décourage pas : c'est un simple exercice physique, pour lequel le corps humain est bâti), la bande large d'un kilomètre, entre la Sèvre niortaise et Rochefort, où risque de passer l'A 831. Bien sûr, le sol n'était pas visible partout à cause des cultures, mais sur les deux tiers du parcours, l'état du terrain m'a permis de réaliser quelques observations qui viennent s'ajouter aux connaissances déjà acquises par le S.R.A. par des prospections au sol ou par photos aériennes. Au cours de l'année 2000, je ferai d'autres visites sur le sol, afin d'effectuer d'autres observations sur les terrains qui seront nus.

Qui paiera les frais des fouilles et la destruction du patrimoine ?
Il faut faire ici 2 remarques.
La première est d'ordre financier : en général les constructeurs qui doivent supporter les frais des fouilles préalables ne souhaitent pas que ces frais dépassent 1% du prix de l'autoroute. Comme les sites sont nombreux, accepteront-ils de payer davantage ?
La deuxième remarque porte sur le patrimoine : les travaux annexes, carrières, sablières, nouvelles routes et déviations, entraînent des destructions du patrimoine. Ce fut le cas à Soubise, où l'éperon barré du Renfermis, site très important, fut détruit par l'extension rapide d'une carrière fournissant des pierres pour l'autoroute Saintes-Rochefort.
Près de cette dernière commune, un site gallo-romain fut aussi détruit par la construction d'une nouvelle route d'accès à l'autoroute.
Ces risques de destruction du patrimoine archéologique s'ajoutent aux nuisances apportées aux riverains, si par malheur cette autoroute est construite. J'ai découvert de très beaux paysages et de très nombreux petits chemins où circulaient des piétons et cyclistes qui eux aussi risquent de retrouver leurs sentiers coupés par l'A 831. Bien sûr des traversées seraient alors faites pour les routes les plus importantes, mais il subsistera un cloisonnement préjudiciable à la circulation des piétons.
Je pense à la petite région de Flay/ Soumoran, sur la commune de Ciré d'Aunis, qui est à mon avis le point le plus remarquable du sud de l'Aunis, dans quel état risque-t-il d'être après le passage de l'autoroute ?

Le piéton peut traverser l'A 837 à cloche-pied !
Dans la région un problème de circulation se posait, et se pose toujours, entre Rochefort et Tonnay-Charente, un projet de déviation existait, ainsi qu'à Beurlay ; la construction de l'autoroute Saintes- Rochefort a fait abandonner ces deux projets et la circulation est toujours très importante pour la traversée de ces agglomérations. Je traverse souvent la RN 137 à Tonnay- Charente, pour cela il faut faire vite, alors que la traversée de l'autoroute voisine (celle des oiseaux, ainsi nommée probablement parce que en ajoutant quelques brins d'herbe, les alouettes et vanneaux peuvent tranquillement faire leur nid sur le bitume sans être dérangés) peut se faire à cloche pied sans problème. Il ne faut toutefois pas trop ternir la situation, cette autoroute est bien utile pour les étourdis qui peuvent rouler dessus en sens inverse sans rencontrer d'autres automobilistes. Le renflouement du déficit doit aussi alléger le porte-monnaie du contribuable, ce qui n'est pas négligeable. Une voie de cette autoroute pourrait être réservée aux rollers, ce qui ferait des heureux et ne gênerait nullement la circulation.
Le sort de Marans risque d'être le même que celui de Beurlay, si l'autoroute A831 voit le jour, la RN 137 continuant alors à être très chargée, tandis que sa voisine, l'A83 sera presque déserte. Nous avons pourtant l'exemple de la RN 137 et de l'autoroute Saintes-Rochefort, mais cet exemple suffira t-il ? Alors qu'une déviation est de loin la meilleure solution.

Michel FAVRE

De nombreux sites menacés...
Voici la liste des sites archéologiques connus à ce jour sur la bande du kilomètre concerné, mais non encore répertoriés par le S.R.A.
(les lieux-dits mentionnés sont ceux relevés sur la carte I.G.N. au 25 millième).

o St Jean de Liversay : Sigogne : site gallo-romain site à sel gaulois.
o Marans : La Haute Garenne : site gallo-romain ; Le Grand Beauregard, indices gaulois et gallo-romains ; Le Petit Bernay, site à sel gaulois.
o Andilly : Le Petit Rehon, site à sel gaulois ; indices gallo-romains, Torset, site néolithique. Les Transues, indices gallo-romains et néolithiques.
o St Ouen d'Aunis : La Chapelle, site néolithique très étendu, observé sur 300 m,
o Le Fief Nouveau, indices néolithiques
o Les Grand-Maisons, indices néolithiques
o Vérines : Les Bertines, indices néolithiques, indices gallo-romains
o Fief de Loiré, indices néolithiques
o Ste Soulle : Les Erondées, site gallo-romain et vieux chemin
o Les Grandes Pichardières, indices gaulois et néolithiques
o St Médard d'Aunis : Le Petit St-Michel, indices du Moyen Age
o Les Groies Rabière, indices néolithiques
o Les Boutonnes, indices Gallo-romains
o Le Fief Médard, indices gallo-romains et Moyen Age
o Les Chaumes, site du Moyen Age
o Les Petites Ratonnières, site néolithique
o St Christophe : Le Fief du Treuil Charré, site néolithique
o Les Grands Champs, site néolithiques plus au nord
o Les Grandes Batailles, indices gallo-romains et gaulois
o Aigrefeuille : Roi Bertous, indices néolithiques
o Les Gréteaux, site néolithique et indices gallo-romains
o Les Grands Champs, indices néolithiques
o Le Thou : Le Chiron, site gallo-romain
o La Gravelle, site néolithique
o Ballon : Fief Cendrou, site gallo-romain et indices néolithiques
o Moulin Seguin, indices gallo-romains et néolithiques
o Ciré d'Aunis : Le Canada, site gaulois
o Terrier Chevrier, site à sel gaulois et indices néolithiques
o Les Petites Grèves, site à sel
o Les Grèves, site à sel
o Soumoran, site gallo-romain, site gaulois
o Cabane de l'Ileau, site néolithique, site à sel gaulois, indices gallo-romains.
o Loire Les Marais : Le Treuil, site néolithique
o Le Chiron/Bel Air, site gallo-romain, site gaulois, site à sel gaulois, indices néolithiques
o Le Moulin, site néolithique très étendu
o La Grosse Pierre, ancien dolmen
o La Terre du Roi, indices néolithiques
o Breuil Magné : à partir de là, le tracé devient trop imprécis, mais en évitant au maximum le marais et les zones habitées, il est toutefois possible de définir un tracé où risque de passer cette plaie des temps modernes.
o Le Dadais, indices gallo-romains et néolithiques- indices gaulois.
o Bien Assis, indices gallo-romains, site néolithique, site gaulois.
o Bois Rambaud, site gallo-romain, site gaulois, site du Moyen Age
o Bois de Chartres, site du Moyen Age
o Chartes, site gallo-romain, site néolithique
o Rochefort : Chartres/ Tout-vent, site mésolithique

A cette liste s'ajoute celle des gisements repérés par photos aériennes.

Dessins originaux de l'auteur :
objets découverts sur plusieurs sites de la commune de Loire-les-Marais.