Avril 2000

Texte extrait de notre journal VBA infos n°3

 

L'AUTOROUTE DES ZOZOS


Jeudi 16 mars, sur la même page du journal Sud-Ouest, coexistent deux articles : " L'autoroute des oiseaux a 3 ans " et " Éducation : du monde sur le front ".
D'un côté, les résultats d'une dépense exorbitante de 1,7 milliard pour une longueur de 37 kilomètres d'autoroute à péage qui se révèle non rentable et d'autre part la révolte de fonctionnaires qui réclament des moyens - que l'on refuse de leur donner - pour améliorer la qualité du service public et la réussite de leurs élèves.
Les deux articles juxtaposés posent en fait une question essentielle : quel avenir, quelle société et quel environnement voulons-nous laisser à nos enfants ?
Nos élus de tous bords et nos gouvernants considèrent que le bonheur passe par la croissance, le développement à tout prix - à n'importe quel prix - et que l'autoroute en constitue un maillon incontournable.
Cela pourrait se comprendre si ces solutions coûteuses et dévastatrices rapportaient à l'État , c'est à dire : nous !, des revenus qu'il pourrait réinvestir dans le social , la solidarité et autres valeurs nobles.
Mais, et Sud-Ouest l'explique clairement , l'A 837 n'est pas rentable, et ne le sera pas avant longtemps, parce que les prévisions statistiques étaient fausses et le coût sous-évalué. Un miracle reste cependant possible car une solution existerait pour combler les déficits financiers d'exploitation : elle consisterait à prolonger l'A 837 par un nouveau tronçon entre Rochefort et Fontenay le Comte - l'A 831 - afin de donner de nouveaux débouchés au premier. Malheureusement , le dossier de concertation précise clairement que ce nouveau projet ne sera pas, lui même, rentable! A quand l'A2314 ! pour compenser l'A 831 ?
A une période où les cicatrices de la tempête ne sont pas fermées, où les multinationales licencient à tour de bras pour améliorer leurs profits boursiers nous devons nous inquiéter et nous interroger devant cette fuite en avant : jusqu'où ira le gaspillage de notre argent ? où se trouve l'humanisme dans toutes ces prises de décisions technocratiques ?
Nous posons les questions : nous aimerions bien que nos élus nous apportent des réponses satisfaisantes !

Jean-René MAILLARD