Février 2001

Texte extrait de notre journal VBA infos n°5

FAUT-IL UNE AUTOROUTE POUR LES OISEAUX MIGRATEURS DE L'ÎLE DE CHAROUIN?

       L'île de Charouin est située sur la commune de Vix (85) mais a longtemps été exploitée, au moins en partie, par les habitants de Taugon (17) qui la jouxte. Elle occupe un méandre de la Sèvre Niortaise, recoupé en 1836 par le canal du Sablon au nord.

       Elle appartient donc à la zone inondable de la rivière entre les levées (digues) nord et sud qui protègent les marais desséchés situés au-delà. Jusque dans les années 1960, sur ses 177 ha, elle présentait un véritable raccourci des paysages et activités traditionnelles des marais mouillés : canaux et fossés, bois et prairies inondables, vestiges de terrées et de mottes cultivées. Par sa faune et sa flore d'une très grande richesse, c'était un très bel exemple de zone humide caractéristique. Un seul cultivateur permanent était installé au nord.

       En 1969, après un long conflit entre partisans d'une agriculture intensive et défenseurs du patrimoine, l'île fut coupée en deux : au nord une zone remembrée pour des cultures intensives et au sud, sur 100 ha, une réserve biologique acquise par le Conseil Général de Vendée avec la taxe départementale des espaces verts. Désormais faune, flore et paysages sont protégés, intégralement à l'est mais ouverts à l'observation à l'ouest grâce à l'aménagement de sentiers piétonniers et bientôt d'un belvédère.

       C'est dans ce contexte de protection que s'inscrit le projet d'autoroute A831. Bien sûr celle-ci ne va pas traverser l'île protégée réglementairement mais va la tangenter à l'ouest à moins d'un km c'est-à-dire en plein dans la zone de marais mouillée la prolongeant et accueillant pour se nourrir les oiseaux venus de l'île. Où sera la zone de silence annoncée par les panneaux du Conseil Général ? Et que deviendra la zone humide située en amont de l'autoroute quand celle-ci aura tranché nord-sud la zone est-ouest d'écoulement des eaux ?

       Alors quelle logique dans tout cela ? D'un côté on protège le patrimoine naturel et humain avec l'argent du contribuable . De l'autre -avec en partie ce même argent- on risque de détruire le fonctionnement d'un système complexe et fragile de zone humide avec une autoroute dont on n'a pas démontré l'utilité.

Guy MIAUD

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