Juin 2001
Texte extrait de notre journal VBA infos n°6
LES ROUTES DANS L'HISTOIRE
De tout temps les routes
ont été au service du pouvoir en place. Telle une toile d'araignée
s'étendant sur les territoires administrés, elles permettaient
à l'information, aux ordres de circuler selon le bon vouloir de l'État.
La conquête romaine s'accompagna de la mise en place d'un réseau
impérial de bonnes routes au service de l'armée et de l'administration.
Les voies romaines ignoraient les villages, mais permirent à l'Empire
de se maintenir longtemps grâce aux communications rapides qu'elles
favorisaient entre l'Italie et ses provinces.
En France, du XVe au XVIIIe siècle, l'unification du royaume et le
renforcement du pouvoir royal expliquent le dessin d'un réseau routier
rayonnant à partir de Paris vers les frontières. Par l'établissement
des routes royales des postes, équipées de relais fournissant
chevaux et conducteurs, la royauté concentre le réseau au bénéfice
de Paris. Là encore, la route renforce le pouvoir de l'état
et ignore les campagnes.
En Europe, les Allemands dés 1921 et les Italiens en 1924 furent les
premiers à développer la construction des autoroutes. Elles
seront à leur service pour l'invasion de 1939.
Ce n'est que depuis les années 60 que la France construit des autoroutes
et, comme au temps du Roi Soleil, un réseau étoilé centré
sur Paris se forme peu à peu à partir de 1982.
Des autoroutes transversales sont étudiées mais l'objectif reste
toujours de relier entre elles les grandes métropoles quelles soient
nationales ou européennes.
Chaque "tyranneau" de province souhaite alors posséder un
des attributs les plus significatifs du pouvoir : l'un des noeuds de la grande
toile qui s'étend sur le territoire. L'objectif principal, bien qu'inavoué,
étant de se parer d'un ruban asphalté à défaut
d'un autre.
Certes la liberté de déplacement des citoyens est fondamentale
en démocratie, mais que fait-on de la liberté de vivre, tout
simplement ?
On voyage si vite de nos jours que paradoxalement on ne "voyage"
plus : on se transporte d'un lieu dans un autre, tout ce qui se trouve entre
deux points nodaux perdant de sa réalité.
Jacqueline GILLARD