Au printemps 1997 les municipalités de Vendée et
Charente Maritime situées sur laxe
Fontenay- le-Comte/ Rochefort sont sommées de se
prononcer sur les tracés possibles dune autoroute
dont la pertinence na jamais été réellement
débattue. Lopération dite de concertation
menée à marche forcée, a surtout pour but
de faire plébisciter le projet dont le fuseau définitif
est déjà retenu.
Il sagira de la solution dite centrale qui traversera :
Ä
Le marais Poitevin = zone naturelle et touristique de premier
plan
Ä
La vallée du Curé = seule réserve en
eau pure de la zone
Ä
La plaine dAunis qui constitue lexemple dune
ruralité dynamique entre équilibre agricole et qualité
résidentielle
Ä
Le marais de Rochefort = moins médiatique que le Marais
Poitevin mais au biotope comparable, cible de nombreux
efforts de protection et de rééquilibrage.
Parmi les objectifs-alibis avancés par les promoteurs du
projet, seules des difficultés ponctuelles de circulation
locale et régionale peuvent être retenues valablement.
Le point noir de Marans en constitue le meilleur exemple.
Il est aisé de démontrer que le tracé choisi,
éloigné des zones de saturation et ainsi que leffet
dissuasif du péage anéantiraient lefficacité
de lA831.
Lexemple voisin de lA837 (Rochefort / Saintes)
dramatiquement déficitaire renforce cette analyse.
La découverte de ces aberrations a suscité
un émoi justifié parmi la population et motivé
la création dassociations dont Vivre Bien en Aunis.
Ces groupes détudes ainsi formés ont pu circonscrire
les problèmes de déplacement entre la Rochelle et
le Sud Vendée, rendant inutile le projet pharaonique saignant
plaine et marais sur prés de 70 km.
Les solutions alternatives proposées préconisent
laménagement raisonné des axes existants.
Face à cette levée de bouclier, les promoteurs de
lA831 ont été obligés de procéder
à une nouvelle « concertation » pendant lété
99.
La proposition de solutions multimodales comme le projet dun
TER susceptible dabsorber une partie du trafic pendulaire
entre Tonnay Charente/ Rochefort et la Rochelle a constitué
une avancée significative.
En revanche, le dossier routier était toujours élaboré
de manière à privilégier le recours à
lautoroute.
Lalternative offerte aux élus se résumait
au choix : entre une voie express et lA831, tracé
sur le même site.
Si les conseillers généraux ont logiquement opté
pour la solution la moins coûteuse, cest dans le cadre
dune réflexion tronquée.
Leur souci déconomie naura été
que partiel puisque le financement public a augmenté de
27% entre 1999 à 2003. Il a été estimé
en 2003 à
280 Millions d'Euros minimum
soit beaucoup plus que le coût dun aménagement
des axes existants. (En 2011, son cout
total est estimé à 890 millions d'euros )
Cette réflexion rapide les a également amenés
à négliger lefficacité des réalisations
ainsi que les impacts économiques, environnementaux
et humains du projet A831.
Gageons que les électeurs pourront sopposer à
des candidats pro-autoroutiers par le biais du vote, comme
ils lont déjà fait à plusieurs occasions.
Cependant
le Premier ministre de l'époque a entériné
le choix des élus départementaux principalement
motivés par la prise en charge financière du projet
par un concessionnaire privé. Or depuis, les nouvelles
règles en vigueur transfèrent la part la plus importante
de ce financement aux collectivités territoriales.
Les faiblesses
du projet, dont conviennent ses promoteurs mêmes, les
nuisances qu'il induit ainsi que la nouvelle donne financière
devraient inciter à un réexamen du dossier.
Or, nous avons la surprise de constater que dans ses communications,
le ministère des transports justifie la poursuite des procédures
par des arguments infondés :
· Mise en place de mesures dissuadant la circulation
de transit dans Marans.
· Coût d'une déviation de Marans et contraintes
environnementales de cette infrastructure.
Les mesures auxquelles il est fait allusion n'ont pas été
mises en uvre à l'occasion de l'ouverture du dernier
tronçon de l'A83 (Nantes-Niort) malgré nos demandes.
Il est pourtant évident que l'achèvement de cet
axe qui termine la Route des Estuaires permettait d'envisager
le règlement du grand transit sur la façade atlantique.
D'autre part, les dispositions d'interdiction frappant les transports
de matières dangereuses dans Marans ne sont pas respectées.
Les consultations que nous avons opérées auprès
des transporteurs nous prouvent en effet que la RD137 est perçue
par eux comme l'axe naturel de liaison Charente-Maritime -Vendée
et nécessitera inéluctablement un aménagement.
Les contraintes
financières et environnementales du contournement de Marans
ou d'autres aménagements des axes existants sont tellement
hors de proportion par rapport à celles induites par
la réalisation de l'A831, et le coefficient d'efficacité
serait en outre moindre, qu'il est inutile d'argumenter sur ce point.
La question
du contournement de Marans, tant par l'exaspération
qu'elle génère de la part de la population à
l'encontre des volte-face des élus que par les dangers
que génère son effacement, constitue le point
chaud du dossier transports de la région. Il n'en reste
pas moins que le projet A831 recèle d'autres problèmes
de fond : emploi des financements publics, préservation
des zones humides, maintien des structures agricoles, développement
urbain
Il serait dommageable que ce qui est apparu comme
une facilité financière soit développée
en l'état alors même que cet argument n'est plus
recevable.
La constatation des incohérences des choix
d'infrastructures proposés dans le centre ouest confirme
la césure entre le monde concret des citoyens et celui
des technocrates prisonniers de concepts non vérifiés
et de procédures ficelées. Un large collectif
d'associations, auquel nous appartenons, rassemblant tout
à la fois agriculteurs, défenseurs de l'environnement,
résidents ou autres membres de la société
civile, attend la prise en compte de ses arguments et propositions.
Laction des associations, et de Vivre Bien en Aunis en particulier,
ne peut que sintensifier puisquelles reçoivent
le témoignage, notamment des milieux scientifiques, de
controverses profondes à lencontre de lA831.
Rien n'ébranle les décideurs. Les grandes envolées
lyriques sur l'importance de l'environnement, les congrès,
sommets, conférences, sur la nécessité de
repenser globalement le rapport de l'homme à la nature,
tout cela ne modifie pas le processus décisionnel.
En
conclusion,
dans la conjoncture actuelle, la réalisation
de l'autoroute A831 serait un non-sens économique flagrant
(1 milliard d'euros pour gagner 11 mn !), renforçant l'inégalité
des citoyens devant le droit à circuler librement sur le
territoire français et portant gravement atteinte à
l'environnement, à la santé et à la biodiversité
tout en mettant en péril l'économie touristique
de plus en plus tournée vers la nature.
Par ailleurs, de nouveaux éléments liés au
milieu naturel et à la réglementation européenne
pourraient juridiquement contraindre l'Etat français à
revoir une nouvelle fois ce projet.
Nous voudrions que les élus concernés cessent de
vouloir faire notre bonheur malgré nous. Il y a d'autres
priorités, d'autres défis, d'autres décisions,
d'autres options qui deviendraient possibles avec le redéploiement
des sommes que ces messieurs et dames veulent investir dans ce
projet du siècle dernier pour un mode de vie non soutenable.
Nous
avons cherché à qui profite le crime :
- L'État : abandon de l'entretien du réseau
national
- Le concessionnaire : péage surévalué
pour les actionnaires
- Les entreprises du BTP : bénéfices lors de
la construction
- Certains hauts fonctionnaires : par des primes autoroutières
- Certains élus locaux : l'A831 est un projet Politique,
elle a été voulu par la Droite et est soutenu par
la Gauche. Certains élus ambitieux veulent avoir un grand
projet à défendre pour laisser leur trace dans l'histoire,
même si le projet A831 est inutile et coûteux. De
plus les réalisations d'infrastructures locales font partie
des sujets qui intéressent les électeurs.
Et à
qui ne profite pas le crime :
- Le contribuable local : le projet doit être financé
par le département et la région au travers de l'impôt.
- Le contribuable nationale : l'état doit aussi
financer ce projet.
- L'usager : par l'acquittement du péage
- Les riverains de la RD137 : la circulation restera pratiquement
inchangée mais la RD137 sera définitivement abandonnée
à son triste sort. D'après la Direction des Routes,
il n'y aura pas d'aménagement important pour améliorer
la sécurité et la fluidité du trafic sur
cet axe.
- Les riverains à l'A831 : perte de leur qualité
de vie et dévalorisation de leur bien immobilier.
- L'environnement : La faune et la flore préservées
dans le marais Poitevin et le marais de Rochefort risquent d'être
irréversiblement détruites. La nappe phréatique
d'Aigrefeuille risque elle aussi d'être irrémédiablement
polluée.
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