Juin 2001
Texte extrait de notre journal VBA infos n°6
RENCONTRES NATIONALES "TRANSPORTS ET ENVIRONNEMENT" A LA ROCHELLE
Les 6 et 7 avril 2001,
Vivre Bien en Aunis, avec le soutien d'Agir Pour l'Environnement et du WWF
France, a réuni à la Résidence Lafayette à La
Rochelle de nombreuses associations et collectifs d'associations qui préconisent
dans chaque région des alternatives au tout autoroutier.
Lors des ateliers à thèmes (juridique, environnemental et socio-économique)
des échanges fructueux avec le directeur de la Direction Régionale
de l'Environnement et de la Nature, Monsieur Thibault pour la région
Poitou-Charentes et Monsieur Lafont, Conseiller auprès de Madame Voynet,
Ministre de l'aménagement du territoire, ont eu lieu.
Les travaux des 2 journées ont permis aux participants d'échanger
les compétences acquises au cours du traitement des dossiers auxquels
ils ont été confrontés.
Deux points d'actualité ont été longuement développés
: le nouveau schéma de services des transports en France exposé
par Monsieur Lafont et le projet européen Natura
2000, présenté par Monsieur Thibault.
Le schéma de services des transports :
un
bon outil aux mains de mauvais utilisateurs
À l'invitation
des organisateurs du forum, Jean LAFONT, Conseiller auprès du Ministre
de l'Environnement est intervenu pour définir le schéma de services
des transports.
Cette démarche, commencée en 1997, remplace le schéma
directeur routier national et a pour but d'organiser les transports en France.
Le schéma de services affiche clairement des priorités :
- Planifier les aménagements en partant des besoins et non des propositions
des opérateurs.
- Compenser le retard d'entretien des routes existantes.
- Favoriser des schémas multimodaux pour les transports de personnes
et de fret.
- Tourner le dos à la priorité route et favoriser le rail et
l'eau pour les marchandises.
- Privilégier les objectifs environnementaux (réduction des
gaz à effet de serre par exemple).
Les textes prévoient des procédures
de consultation : sont-elles bien utilisées ?
Les représentants associatifs participant au forum ont fait état
de nombreuses entorses et difficultés au bon déroulement de
ces concertations.
- Les débats publics, organisés par l'aménageur, sont
souvent l'occasion d'une confiscation de la parole. Ils tendent à vider
l'enquête d'utilité publique de son contenu.
- Les petites associations ont été en butte à des tracasseries
pour participer à l'observatoire régional des transports.
- La complexité des documents disponibles sur Internet déroute
les citoyens.
Un accès à l'information souvent à
décrypter
Le texte des schémas de services est à la disposition de tous
sur Internet et Monsieur Lafont affirme que le désir du ministère
est une consultation la plus large possible sans avoir à payer une
adhésion. Mais Christophe Beurois fait remarquer que les consultations
se font très souvent en amont avec des associations partenaires représentant
un panel très large mais que ce sont des associations régionales
agréées avec souvent une délégation de représentation.
Faire paraître le texte sur Internet pour consultation relève
d'un vice de démocratie tant le sujet est complexe, tant
les problèmes posés sont durs à intégrer et empêchent
le citoyen de s'exprimer de façon pertinente. Il manque un maillon
intermédiaire pour favoriser le débat, il manque des moyens
pour permettre à tous d'accéder aux dossiers dans de bonnes
conditions.
Un problème qui se pose à plusieurs
niveaux
La difficulté d'accès à l'information apparaît
aussi au niveau des élus : il leur fut demandé de se prononcer
pour ou contre l'autoroute sans leur fournir d'éléments pertinents
pour se forger une opinion responsable.
En 1999 des dossiers de consultation d'une centaine de pages leur furent remis...
mais trop tard pour être étudiés avant le vote.
Quand la première consultation publique dans les mairies demanda à
chacun de se prononcer sur le tracé de l'autoroute on "oublia"
seulement de poser la question de l'opportunité du projet.
Des tiraillements entre ministère de l'Environnement
et direction des routes...
Le schéma de services traduit la volonté d'infléchir
les tendances néfastes des pratiques actuelles avant d'envisager de
nouvelles infrastructures. La direction des routes voulait introduire 20 à
30 projets nouveaux. Le Ministère de l'Environnement a obtenu l'abandon
des doublements d'autoroutes existantes. Cependant, on constate une opposition
entre la volonté du gouvernement et les résultats.
... entre État et régions.
De nouvelles priorités avaient présidé à la négociation
des contrats de plan État/ Région mais l'exercice a été
conduit trop vite. Un constat doit être fait : plus on augmente la part
régionale, plus on augmente la part du routier. De nombreux élus
régionaux restent sensibles à l'effet médiatique d'une
inauguration. Et le kilomètre bitumé se valorise si facilement
dans un bilan préélectoral ! La présentation de la route
comme principal moteur de développement économique relève
du mythe comme le confirment les études entreprises à ce sujet.
L'A10 en Charente-Maritime n'a pas enrayé le déclin des zones
traversées.
Et pour nous ?
Le Ministère de l'Environnement a demandé que le projet A 831
ne figure pas dans le projet de schéma de services. Ce souhait était
justifié tant par la qualité des milieux naturels traversés
que par la faible utilité de cette autoroute. En effet, l'achèvement
de l'A83 (Nantes- Niort) et son raccordement à l'A10 offre un axe parallèle
au couple A831 (Fontenay-Rochefort)/A837 (Rochefort- Saintes). Et la traversée
de Marans, et la circulation sur la rocade de La Rochelle, resteraient pour
une majorité d'usagers locaux aussi difficiles.
Les procédures et les objectifs fixés par le schéma de
services permettent d'espérer une meilleure prise en compte des besoins
de déplacement et un plus grand respect des caractéristiques
environnementales. Cependant, le poids des intérêts en jeu et
la pesanteur des esprits en freinent encore les effets.
Michel PAIN-EDELINE - Jacqueline GILLARD